Vous avez une douleur dans le bas du dos, parfois elle descend dans la jambe. Votre médecin vous a dit que vous aviez une hernie discale. Le scanner ou l’IRM l’ont confirmé. De quoi s’agit-il exactement ? Quel est le traitement ? Quand pourrez-vous reprendre le sport ?
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport,
Entre chaque vertèbre, on trouve le fameux disque intervertébral. Il est constitué d’un noyau central gélatineux et entouré de nombreux anneaux fibreux à la manière d’un oignon. Il se comporte comme un amortisseur et un répartiteur de pression.
Une hernie discale, c’est quoi ?
Quand vous vous penchez en avant ou quand vous inclinez votre buste, vous comprimez un côté du disque. La substance visqueuse est chassée à l’opposé et tire sur les anneaux fibreux. Une rotation des épaules par rapport au bassin augmente encore les contraintes. Ce mouvement fait basculer les fibres du disque de la verticale à l’horizontale. L’épaisseur du disque diminue, la pression s’accroît. Les vertèbres sont comme vissées les unes sur les autres. Quand le geste est lent et bien contrôlé par les muscles, les fibres se mettent en pré-tension, les pressions s’équilibrent harmonieusement au sein du disque. Si le mouvement est brutal et mal coordonné, les anneaux se déchirent, la gélatine fuse en arrière et sort du disque : c’est la hernie discale ! A la manière d’une entorse, la lésion se met un gonfler et un gros œdème entoure la substance visqueuse. Le tour du disque est particulièrement sensible et vous avez très mal dans le bas du dos : c’est le lumbago ! Si la hernie touche l’un des gros nerfs qui sort de la colonne et descend jusqu’aux orteils, la douleur irradie dans la jambe : c’est la sciatique !
SOUVENT, CE N’EST PAS UNE HERNIE DISCALE
Votre douleur dans le bas du dos n’est pas obligatoirement une hernie discale. Le disque est douloureux bien avant que la gélatine en sorte totalement. Lorsque les anneaux les plus périphériques se distendent, ils commencent à faire mal. Le disque « bave » en arrière : c’est la protrusion discale. Avec le temps, la gélatine s’infiltre dans les multiples fissures. Le disque se tasse. Il amortit moins les contraintes. L’os situé de part et d’autre doit les assumer, il souffre à son tour. Cette lésion porte le nom d’insuffisance discale ! A l’arrière des vertèbres, on trouve aussi de petites articulations qui guident le mouvement du dos. Le cartilage qui les recouvre peut s’abîmer. On parle d’ «arthrose articulaire postérieure». Le pont osseux rejoignant ces petites articulations au corps de la vertèbre peut être victime d’une fracture de fatigue. C’est la spondylolyse ! L’énumération pourrait se poursuivre ! Vous comprenez pourquoi, il est impératif de procéder à un examen consciencieux compléter souvent d’un bilan d’imagerie ciblé pour affiner le diagnostic, adapter le traitement et moduler votre pratique sportive !
Que s’est-il passé ?
Dans la majorité des cas, vous vous souvenez de ce mouvement sportif associant flexion, inclinaison et rotation «rapide et mal coordonné» : une douleur inconnue et violente vous a déchiré le dos. Parfois, la gêne s’est installée plus sournoisement. En effet, le centre du disque n’est pas innervé. Vous avez probablement commencé à l’abimer impunément. En malmenant votre dos, vous pouvez fissurer les anneaux fibreux au milieu du disque sans avoir mal. Et un jour, lors d’un geste anodin, en vous levant un matin ou en ramassant un stylo, la gélatine passe en zone sensible ou sort du disque … et la douleur s’installe !
Luttez contre l’inflammation.
Vous le savez, autour de la hernie et des anneaux déchirés se constitue un volumineux gonflement. Soit il comprime le gros nerf sciatique. Soit, il stimule les nerfs sensitifs situés à l’arrière de la colonne. La souffrance nerveuse est double. Elle est «mécanique» par contact avec la hernie. Elle est aussi «chimique» du fait de l’irritation par les substances inflammatoires sécrétées. Ainsi, les anti-inflammatoires diminuent l’œdème autour de la hernie et vous soulagent.
La douleur provient également de l’épuisement des muscles qui tentent de soutenir les vertèbres. Dans l’immense majorité des cas, cette contracture n’est pas protectrice. Au contraire, elle perturbe le fonctionnement de la colonne, elle provoque le surmenage des autres étages vertébraux ; ils deviennent à leur tour douloureux. Les décontracturants musculaires sont les bienvenus ! De la même façon, il faut prendre des antidouleurs … Premièrement pour vous soulager, c’est essentiel ! … Deuxièmement pour améliorer le fonctionnement de votre colonne : c’est ainsi qu’elle cicatrise le mieux. Si ce traitement se montre insuffisant. Il est possible d’injecter de puissants anti-inflammatoires, des corticoïdes, directement dans la colonne vertébrale. C’est ce que l’on appelle une infiltration épidurale. Le geste technique est comparable à celui dont bénéficient souvent les futures mamans à l’occasion de leur accouchement, mais les produits sont différents.
Du repos, un peu !
Pour réduire l’inflammation, dans les suites immédiates du traumatisme ou après une infiltration, la position couchée est sans intérêt mais il est recommandé de limiter les mouvements. Selon les médecins, vous pourrez bénéficier de conseils de prudence, d’une ceinture armaturée ou d’un corset rigide. Néanmoins, il est conseillé de renouer rapidement avec le mouvement. Ainsi, les muscles parviennent à conserver la force, la souplesse et surtout la coordination indispensable pour éviter la récidive et reprendre l’entraînement au plus vite. De plus, la mobilisation douce des vertèbres permet de «guider» la cicatrisation du disque. Un minimum de contraintes mécaniques oriente les fibres dans l’axe des contraintes, la réparation est plus solide. En cas d’immobilité totale et prolongée, la fissure de l’anneau se comble d’une croute anarchique et fragile. Tout au long de cette progression, votre kinésithérapeute peut vous aider à doser vos mouvements.
Comment guérit votre hernie ?
Repos relatif et médicaments anti-inflammatoires permettent la réduction de l’œdème entourant la gélatine expulsée. Déjà, le volume de la hernie diminue considérablement. Mais, la substance gélatineuse ne peut pas réintégrer le disque ! … De la même façon, le dentifrice sorti du tube ne peut pas y retourner !
Ce sont les globules blancs venues nettoyer la lésion qui digèrent peu à peu la gélatine. Les anneaux fibreux cicatrisent mais le disque reste «sous gonflé ». Il a altéré ses capacités d’amortissement. Du coup, il persiste parfois quelques douleurs chroniques, notamment le matin au lever ou lors des positions assises prolongées. Fréquemment les douleurs s’estompent alors que la hernie est encore présente. Son volume a diminué car l’œdème inflammatoire a disparu, et la gélatine s’est en partie résorbée. Du coup, elle ne touche plus le gros nerf sciatique. Vous pouvez reprendre peu à peu vos activités sportives mais prudence et exercices préventifs s’imposent (voir l’article : Douleur en bas du dos : Autorééducation). De temps à autre, la douleur et la hernie ne disparaissent pas malgré plus de 3 à 6 mois de traitement bien conduit. Un avis chirurgical s’impose. L’opération est obligatoire plus précocement lorsque la sciatique provoque une douleur insoutenable. Il en est de même quand la compression du nerf est à l’origine d’une paralysie ou d’une disparition de la sensibilité. C’est particulièrement vrai quand ces troubles concernent les sphincters et provoquent des problèmes urinaires. L’intervention consiste à gratter la hernie, le chirurgien va jusqu’au fond du disque pour limiter le risque de récidive. Le disque est asséché et a perdu bon nombre de ses qualités mécaniques.
Du sport, peu à peu !
La nature qui donne le rythme de votre récupération ! Et votre médecin valide votre progression. SANTESPORTMAG vous indique les étapes habituelles de la reprise sportive.
Quand l’immobilisation de la colonne est de mise le vélo d’appartement est souvent bien toléré. Relevez un peu le guidon, votre colonne vertébrale se place en position intermédiaire, ni penchée, ni creusée. Vous êtes en appui sur les mains, bien en équilibre, comme vos cousins les grands singes qui ne souffrent pas du dos ! A ce stade, la natation, notamment le dos crawlé, mérite d’être testé. Position horizontale, apesanteur et attitude neutre de la colonne s’associent théoriquement pour limiter au maximum les contraintes sur votre disque blessé.
Le vélo de route et ses déséquilibres ne peut être repris que quelques semaines plus tard. Parfois, vous ressentez le besoin de vous redresser sur votre selle pour détendre votre colonne. N’hésitez pas ! En lâchant votre guidon, vous renouez avec une attitude plus proche de la position debout. Vous travaillez la coordination de votre colonne grâce à l’instabilité de votre vélo. En l’absence de douleur, vous pouvez aussi vous mettre en danseuse, votre geste se rapproche de celui de la course.
Essayez aussi la brasse coulée. Cette nage mobilise en flexion/extension votre disque et l’absence de poids limite les contraintes. Voilà de quoi guider en la cicatrisation de votre disque. A la piscine, pratiquez l’aquajogging : dans le grand bain, courez dans l’eau accrochée à 2 frites d’aquagym. Dans le petit bassin, sautillez dans l’eau. L’impact soulagé de la poussée d’Archimède contribue aussi à la réadaptation de votre disque
Plus tard, au cours de vos balades à pied, alternez marche et trottinement. L’alternance des réceptions et des impulsions de chaque foulée, pompent et assouplissent la cicatrice. En quelques séances, vous faites un vrai footing. Au même moment, retournez à la piscine pour enchaîner dans le petit bain quelques gestes techniques propres à votre discipline : faites de l’aquatennis, de l’aquafoot ou de l’aquakaraté ! Sur la terre ferme, vous pouvez désormais introduire des déplacements latéraux. Quand vous vous sentez à l’aise, reprenez votre sport. Débutez par les éducatifs. Prudence lors des flexions, rotations et inclinaisons de buste. Quand tous vos gestes techniques sont validés, vous renouez avec l’entraînement collectif. Quand ils sont réalisables à pleine puissance et bien contrôlé malgré la fatigue, reprenez la compétition !
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LA CEINTURE LOMBAIRE VOUS SOUTIENT PENDANT LA BLESSURE
Certaines ceintures lombaires peuvent participer au traitement de votre hernie discale. Elles prennent appui sur la partie haute du bassin. Elles sont constituées de baleines semi-rigides longeant votre colonne lombaire et d’une large ceinture élastique qui serre votre abdomen.
Un strapping de vertèbre
Vous l’avez compris la hernie discale est une «entorse» du disque. Les anneaux fibreux déchirés sont comparables à des ligaments spécialisés. Pour obtenir une cicatrice de qualité, il faut limiter les gestes agressifs mais préserver les mouvements d’amplitude modérée afin d’orienter les fibres dans l’axes des contraintes. C’est la mission de la ceinture lombaire … comme du strapping de cheville.
Pas de perte de muscle
La ceinture n’immobilise pas totalement votre colonne et n’inhibe pas votre musculature. Au contraire, elle fournit un rappel à l’ordre qui stimule vos muscles chargés de contrôler votre position. Inconvénient, elle peut devenir un point clé de votre coordination. Pour y remédier, il est bon de l’enlever de temps à autre, notamment au cours de séances de kinésithérapie où vous travaillez votre posture et le contrôle de vos mouvements.
Une utilisation personnalisée
Une lésion sérieuse des tissus fibreux cicatrisent en 3 à 6 semaines. Pendant cette période, votre médecin peut vous conseiller de garder la ceinture toute la journée. Vous l’enlevez pour dormir, pour la toilette, pour la rééducation et pour le vélo d’appartement. A l’issu, un sevrage progressif est d’usage. Classiquement, pendant 10 à 15 jours, vous commencez par l’ôter à la maison et au bureau. Dans les semaines qui suivent, remettez-la lorsque vous imposez des contraintes à votre colonne vertébrale, quand vous faites les courses, pour soulever un objet lourd ou pour reprendre le sport.
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