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LE SYNDROME DU CARREFOUR POSTERIEUR


Vous avez mal à l’arrière de la cheville quand vous tendez la pointe du pied. C’est peut-être un « syndrome  du carrefour postérieur » très fréquent au foot et en danse. Je vous explique et vous accompagne sur la route de la guérison.


Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport


Le tibia, l’os de la jambe, est posé sur l’astragale, l’os de la cheville. Ce dernier s’appui à son tour sur l’os du talon, le calcanéum. L’articulation est entourée d’un sac contenant le liquide lubrifiant, la synovie.

 

Coincé dans un cercle vicieux !

 

Quand vous tendez votre cheville, votre  mollet tire sur l’arrière de votre calcanéum.  Si vous donnez un maximum d’amplitude à votre mouvement pour monter sur pointe ou aligner joliment votre pied et votre jambe, vous risquez de pincer votre astragale entre le tibia ou le mollet. Souvent ce n’est que la membrane articulaire que vous coincez mais cela suffit pour provoquer des douleurs. On parle de « syndrome du carrefour postérieur ».



 

Un cercle vicieux s’engage rapidement. L’os impacté est victime de microfissures. Elles consolident en constituant un cal osseux de plus en plus volumineux comme une plaie mal soignée provoque une balafre cutanée. On voit alors se former un véritable bec à l’arrière de la cheville  appelé « queue de l’astragale ». Ce processus est d’autant plus marqué que vous avez débuté la danse tôt dans l’enfance. En effet, l’os est beaucoup plus réactif lorsqu’il est en croissance.  Vous comprenez dès lors le cercle vicieux : plus le bec osseux est gros, plus il coince. Plus il coince, plus il grossit ! Un phénomène comparable se produit avec les replis de la membrane articulaires. Ils se pincent en arrière, s’inflamment, gonflent à la manière d’une petite entorse … et plus ils sont volumineux, plus ils se pincent !

 

Comment reconnaitre le « syndrome de la queue de l’astragale » ?

 

Vous avez mal quand vous montez fortement sur la pointe des pieds ou lors vous sautez en tendant la cheville  au maximum. Il s’agit de geste retrouvé en dansant ou en pratiquant le fitness. Mais les hommes ne sont pas épargnés. Ils sont classiquement victimes de cette blessure en frappant dans un ballon avec le bout du pied et     en sprintant. Tous peuvent voir décompenser une anatomie favorisante à l’occasion d’une entorse de cheville. Ce traumatisme provoque une bascule mais aussi une violente extension de cheville. Dans ces circonstances, la douleur est souvent discrète initialement, masquée par les lésions ligamentaires. Elles deviennent plus gênantes à l’occasion de la reprise du sport.  Attention, vous risquez de confondre votre «syndrome du carrefour postérieur» avec une tendinite d’Achille. Heureusement, votre médecin du sport parvient à faire la différence ! A l’examen, vous ne souffrez pas du tout lorsque vous fléchissez vos appuis ou étirez votre mollet. A l’inverse, alors que vous êtes allongée, il reproduit votre douleur en étendant brusquement votre cheville. Il vous fait mal en appuyant à face postérieure de votre articulation, juste en arrière du tibia mais en avant du tendon d’Achille.  Pour confirmer le diagnostic quelques images sont indispensables. La radiographie montre souvent le bec osseux. Parfois même, on visualise la fissure voir un fragment postérieur nettement détaché, on parle alors d’«os trigone». L’IRM peut mettre en évidence de plus discrètes traces d’impaction révélées par un trait d’œdème dans l’os. Plus finement encore, on y constate parfois la présence de replis de la membrane articulaire épaissis par des pincements répétés.

 

Ça se soigne !

 

Pour réduire l’extension de l’articulation, il est possible de mettre une chevillière à velcro ou de faire un strapping relevant le pied. Si vous êtes adeptes du fitness, optez pour des chaussures montantes qui gêneront aussi le geste traumatisant.  Les danseuses peuvent essayer de faire de la rééducation. Il est parfois possible de limiter et de contrôler la position articulaire. Ainsi, l’attitude en  «pointe» ou en «demi pointe» n’est-elle plus assurée par un blocage osseux mais par un meilleur contrôle musculaire. Les footballeurs doivent éviter d’aller récupérer des « ballons impossibles » avec la pointe du pied. Après avoir pris en charge le problème mécanique, il est opportun d’apaiser l’emballement du processus inflammatoires. Vous pouvez appliquer des gels anti-inflammatoires, la lésion n’est pas trop loin de la peau. En période très douloureuses, votre médecin peut éventuellement vous prescrire cette catégorie de médicaments par voie orale.  Néanmoins, il faut bien admettre que le traitement le plus efficace reste l’infiltration ! Le plus souvent, elle est  réalisée en passant par l’avant de la cheville. Au cours de ce geste, le produit diffuse dans la totalité du sac articulaire, notamment l’arrière dans la zone du conflit postérieur.  Dans les jours qui suivent, il est conseillé de « laisser mijoter le bon produit au bon endroit » ! Au cours de la première semaine, restez au « repos sportif » et portez des chaussures montantes sans talon. Au cours de la seconde, faites du vélo. A la troisième, reprenez le footing.  A la quatrième, renouez avec vos activités nécessitant d’amples extensions de cheville … Avec de bonnes surprises à la clé : l’articulation n’est plus douloureuse !

 

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