Le nerf honteux ou nerf pudendale assure la sensibilité de l’entre jambe. Il peut être comprimé lorsque vous pédalez. La douleur est souvent intense et se prolonge parfois dans la vie quotidienne. Mieux vaut éviter cette blessure !
par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
Les rameaux nerveux donnant naissance au nerf honteux sortent de la colonne vertébrale tout en bas, par les derniers trous osseux du sacrum. / DESSIN 1 / Ils se réunissent puis gagnent le périnée en passant sous la portion basse du bassin, juste en avant des ischions. A ce niveau, le nerf est parfois écrasé entre la selle et la branche osseuse reliant les ischions au pubis.
Quels sont les signes ?
La compression du nerf honteux est à l’origine de nombreux symptômes. A vélo, le cycliste ressent des brûlures autour de l’anus, des testicules ou des grandes lèvres. Parfois, il a l’impression d’être assis sur un noyau d’abricot. Au début, ces douleurs sont soulagées quand il passe en danseuse. Elles peuvent même disparaître après quelques minutes de pédalage. Plus tard, elles s’étendent à la face interne des cuisses. Traitement et prévention s’avèrent rapidement nécessaires sous peine de voir les douleurs gagner la vie quotidienne. En effet, les compressions répétitives sont à l’origine d’une cicatrice fibreuse qui ne tarde pas à coincer le nerf. Ce dernier et sa gaine peuvent aussi rester irrités. Souvent, les souffrances s’intensifient et deviennent insupportables notamment en position assise. D’autres manifestations apparaissent. Ainsi, le cycliste est parfois victime de trouble de l’érection car le nerf honteux innerve aussi les vaisseaux apportant le sang à la verge. Les éjaculations deviennent fréquemment désagréables. Les femmes aussi souffrent de rapports sexuels douloureux. Il arrive que surviennent des douleurs en urinant. Parfois, le sportif doit pousser pour vider sa vessie. Afin de confirmer le diagnostic, il faut faire un EMG ou électromyogramme. Il s’agit d’un examen évaluant la conduction électrique du nerf de part et d’autre du point de compression. Il est impératif que ce test soit réalisé dans un centre spécialisé.
Adaptations techniques et prévention !
Au début des ajustements sportifs peuvent suffire ! Ces précautions seront aussi à la base de la prévention ! Il faut limiter la durée des sorties et les augmenter très progressivement. Tous les endroits du corps ont besoin de temps pour s’adapter ! De surcroît, moins vous serez fatigué en pédalant moins vous vous effondrerez sur vos appuis. La selle et son réglage sont essentiels. Il est impératif qu’elle soit parfaitement horizontale, il ne faut pas que le bec soit relevé. Elle ne doit pas être trop fine à l’arrière. Ainsi les ischions sont bien en appui et le périnée subit moins de pression. Mieux encore, elle peut comporter une encoche centrale. Une selle de femme est parfois bien adaptée pour les hommes ! Un bon rembourrage est également nécessaire. Il existe même des selles dépourvues de bec type selles « Proust » ; vous pouvez essayer ! Le cintre ne doit être trop bas par rapport à la selle. Une importante flexion de buste aggrave la compression du périnée.
Traitement médical
Si les symptômes persistent malgré les adaptations matérielles, une prise en charge médicale s’impose. Une infiltration doit être effectuée. Elle a pour objectif d’assouplir la cicatrice fibreuse dans laquelle le nerf est enchâssé. Elle réduit aussi l’inflammation de la gaine nerveuse. Pour une localisation parfaite de l’injection, elle doit être réalisée sous scanner dans un centre spécialisé. A l’issu, il est nécessaire de ne pas pédaler pendant 3 à 6 semaines. En cas d’échec, une libération chirurgicale peut être envisagée. Le geste technique n’est pas aisé et là encore, un expert s’impose ! Il existe maintenant une méthode moins agressive qui consiste à introduire un ballonnet à proximité du nerf puis à le gonfler. L’espace créé évite la compression du tronc nerveux.
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