Franck a 35 ans. Il pratique le foot assidûment, 3 fois par semaine : 2 entraînements + 1 match. Il vient me voir en urgence un lundi. Hier, il a senti un « crac » à l’avant de la cuisse en frappant dans le ballon. Il redoute un claquage. Mon examen confirme son hypothèse. Je l’invite à surélever sa jambe et à glacer la zone blessée. Je lui prescris un cuissard pour la comprimer. Voilà de quoi limiter le saignement de son muscle partiellement déchiré. Je lui propose de la kinésithérapie. Je lui remets une ordonnance avec des anti-douleurs et des décontracturants. Franck m’interpelle : « Vous ne me donnez pas d’anti-inflammatoires ?! ». Je rétorque : « Bonne question. J’allais vous expliquer.
L’inflammation est un phénomène biologique sélectionné par l’évolution ! La recherche confirme qu’il est le plus souvent bénéfique. Au cours des 2 jours qui suivent le traumatisme, l’inflammation permet l’arrivée de globules blancs qui nettoient les lésions et digèrent les déchets, elle stimule également les cellules des tissus abîmés afin qu’elles enclenchent les processus de réparation. Des anti-inflammatoires prescrits trop précocement altèrent la cicatrisation, c’est particulièrement démontré en ce qui concerne la consolidation osseuse. Vous pourrez en prendre éventuellement dans 3 jours. En effet, il est fréquent que le phénomène s’emballe. Activant sans relâche la production tissulaire, il peut favoriser l’apparition d’une cicatrice épaisse et fibreuse, trop rigide pour assumer les contraintes inhérentes à la fonction musculaire ». Franck semble convaincu : « Eh bien voilà, j’ai compris pourquoi il fallait respecter l’inflammation ! ».
Docteur Stéphane Cascua, Médecin Du Sport.
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